Article paru dans le journal Le Temps du 12 février 2010

Place à des leaders inspirants et rassembleurs

 

 Un esprit rassembleur, ouvert, orienté vers l’humain, capable de convaincre les gens d’accomplir une tâche de manière volontaire et motivée: voilà le profil du leader qui semble le mieux répondre aux attentes actuelles et à celles de la prochaine décennie. Les dirigeants qui pratiquent ce style de management, qualifié dans la littérature de «leadership transformationnel», utilisent l’inspiration plutôt que les transactions, telles que les récompenses, les punitions ou les menaces.

 L’un des arguments qui plaide pour ce style de leadership est qu’il a fréquemment démontré son efficacité et son lien avec le rendement des organisations et des équipes. Le manager efficace suscite en effet une adhésion aux objectifs hors du commun et sait motiver les collaborateurs pour qu’ils soient particulièrement performants. En somme, le leadership transformationnel convertit les énergies présentes au sein de l’équipe en véritables synergies.

 Dans un contexte où le facteur humain, les compétences et le talent feront de plus en plus la différence sur le marché, entre la croissance et la stagnation, le rôle du manager dans la fidélisation, la mobilisation et le développement des collaborateurs prend particulièrement son sens et son importance. Le leader doit être une source d’inspiration pour ses collaborateurs, afin d’optimiser et de valoriser leur potentiel. Pour y parvenir, il doit être capable de relever plusieurs défis: favoriser l’engagement de tous dans un milieu de travail de plus en plus complexe, définir une direction à laquelle les collaborateurs peuvent s’identifier, suivre et s’assurer que ces derniers ont les ressources nécessaires pour répondre aux exigences croissantes en matière de performance.

 Dans cet environnement en constante évolution, une compétence fondamentale est nécessaire au leader, celle de savoir communiquer efficacement, d’établir un véritable dialogue avec ses subordonnés.

 Bien que souvent exercés dans les périodes de crise ou de récession, les styles de management axés sur l’autorité et l’obéissance aux ordres sont de moins en moins adaptés aux nouveaux défis. La place accrue accordée aux besoins personnels, le développement croissant des équipes obligent le leader à adopter un style de management plus relationnel et synergique. Parmi les nombreuses définitions et classifications du leadership, le leadership transformationnel semble prometteur. Ce style de direction donne du sens, fait prendre conscience aux employés de la mission, des objectifs de l’entreprise et les amène à regarder plus loin que leurs propres intérêts.

 Les dirigeants d’aujourd’hui sont ainsi invités à repenser leur fonction et à faire évoluer le style de management qu’ils endossent, par exemple celui de mentor, mais aussi celui d’éveilleur.

 Selon le modèle de Bass 1, le manager qui souhaite pratiquer le leadership transformationnel devra mettre en valeur sa capacité à communiquer son enthousiasme pour favoriser l’atteinte d’une performance supérieure aux attentes. Les dimensions identifiées pour exercer un tel leadership se définissent de la façon suivante:

 Le charisme serait la dimension la plus déterminante pour influencer les collaborateurs. Le chef affiche ses convictions, fait preuve de confiance en soi, rassure ses troupes. Pour atteindre ce résultat, le leader charismatique a un impact émotionnel sur son équipe, il utilise les métaphores et symboles, exprime sa confiance dans les capacités et les compétences de ses subordonnés.

 La motivation inspirante: le leader transformationnel inspire une vision partagée. Il suggère une vision future et obtient le support des subordonnés pour concrétiser cette vision. Il montre l’exemple par ses comportements, fait preuve de cohérence dans le passage de la parole aux actes. Le leader transformationnel fait montre d’enthousiasme et d’optimisme, ce qui favorise l’esprit d’équipe et incite les employés à se dépasser eux-mêmes et à se consacrer à la réussite de l’entreprise.

 La stimulation intellectuelle: le leader transformationnel crée des possibilités d’empowerment (autonomie, marge de manœuvre), il développe l’autonomie des subordonnés, stimule et gère les talents. Il encourage son équipe à considérer les problèmes selon différentes perspectives et à envisager de nouvelles solutions. Il incite à la pensée critique, à la remise en question des processus: il cherche des opportunités, favorise l’expérimentation et prend des risques calculés.

 Il encourage les autres à agir, promeut la collaboration plutôt que la compétition et soutient les subordonnés dans leur développement personnel. Avec pour corollaire une dynamique de collaboration propice au développement de nombreuses synergies et innovations.

 La considération envers son équipe: le leader transformationnel démontre de la considération
à ses collaborateurs. Il reconnaît les contributions de ses subordonnés et célèbre leurs succès. Par la considération individuelle, il témoigne du respect pour l’employé, respect qui deviendra vite réciproque; l’employé aura tendance à modeler son comportement sur celui du leader et à adopter les mêmes valeurs. La considération individuelle contribue aussi à la construction de l’esprit d’équipe et au maintien d’une atmosphère motivante.

 Force est de constater que le véritable rôle du leader transformationnel consiste à être l’architecte de la culture au sein de l’organisation, c’est-à-dire celui qui jouit d’une influence directe sur les valeurs et les croyances qui seront partagées par les collaborateurs de l’entreprise ou de l’institution. C’est lui qui donnera du sens et de nouveaux repères, une réelle nécessité au lendemain de la crise financière suivie d’une période de récession.

 Il existe de nombreux modèles de leadership, le leadership transformationnel n’est pas la seule méthode que les managers devraient exercer, mais il est certes plus stimulant qu’un leadership transactionnel, qu’un style autoritaire ou laisser-faire.

Comme le modèle de leadership transformationnel est plus flexible que la plupart des autres modèles, de surcroît créateur de valeurs et garant de succès, il mérite d’être considéré sérieusement. Il offre aux leaders, quel que soit leur rang, différents moyens d’exercer leur influence et d’atteindre leurs objectifs avec leurs équipes, ce qui est sans doute la finalité du leadership.

1. Bernard M. Bass, «Transformational Leadership».

 

 

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