La chronique de Jean-François Tagini

La chronique de Jean-François Tagini

« Managers : laisser émerger votre féminité »!
Tout est question d’équilibre, que ce soit en physique, en économie et bien sûr aussi en Management. Et justement le Management peut être résumé ainsi : trouver le bon équilibre entre les exigences et la qualité des relations. Les exigences, nécessaires pour atteindre les objectifs, gagner le combat, sont des attributs de masculinité, de guerrier, fortement utiles selon les circonstances et dans des conditions économiques difficiles. Pour la qualité des relations, il faut savoir laisser émerger sa féminité et faire preuve de sensibilité, d’empathie et d’un esprit de collaboration marqué permettant de véritablement rassembler et motiver les collaborateurs, quelles que soient les conditions environnementales.Le masculin et le féminin représentent les deux extrêmes d’un continuum définissant l’importance accordée aux valeurs de réussite et de possession (valeurs masculines) et à l’environnement social ou à l’entraide (valeurs féminines).
 
On sait qu’il y a une part variable de féminité dans tous les humains quel que soit le genre. Mais dans ma pratique régulière de l’assessment, du coaching individuel ou d’équipe, j’observe que nombre de Manager, homme ou femme, ne laissent pas suffisamment émerger leur féminité, développent plutôt une combativité exacerbée et communique que trop peu sur le plan émotionnel, avec pour corolaire un style de Management plus transpirant que véritablement inspirant. Force est de constater que beaucoup de femmes Managers ont dû se battre pour occuper des postes à responsabilités en mettant de côté leur féminité. De même que pour les hommes qui ont appris dès leur jeune âge à laisser que peu de place à l’émotionnel.Dans une précédente chronique, je faisais l’éloge du Leadership transformationnel, mais ce type de leadership ne peut se concevoir sans avoir recours à une certaine dose de sensibilité, de valeurs féminines.
 
En effet :Le charisme, peut se conjuguer avec le charme pour mieux séduire et motiver son équipe en sachant faire preuve de délicatesse, à savoir démontrer une aptitude à sentir, à juger et à exprimer finement les choses, tout en restant convaincant.
 
La motivation inspirante, savoir démontrer de l’enthousiasme, partager non seulement sa vision, mais clairement sa passion et ses sentiments, se montrer très confiant et optimiste relève plutôt des valeurs féminines. Etre capable de mettre l’accent pas uniquement sur la réussite économique mais aussi sur les aspects environnementaux et sociaux. Veiller au bon équilibre d’une approche rationnelle tout en sachant être émotionnellement porteur de sens.
 
La stimulation intellectuelle, promouvoir et stimuler la collaboration plutôt que la compétition, soutenir ses subordonnés dans l’atteinte de leurs objectifs et dans leur développement personnel. Faire preuve de générosité et de disponibilité, tout en n’imposant pas sa manière de faire en laissant une certaine autonomie et en stimulant l’esprit critique de ses collaborateurs.
 
La Considération individualisée, le leader transformationnel faisant preuve de sensibilité, a le sens de l’accueil, se montre attentif au bien-être de son équipe et démontre de la considération aux collaborateurs. Il interagit avec bienveillance et patience, fait montre d’empathie et selon les circonstances, de compassion. Il reconnaît les contributions de ses subordonnés et célèbre leurs succès. Par la considération individuelle, il témoigne du respect pour l’employé.
Dans les pays ou entreprises à culture masculine, un travail humanisé sera celui qui permet de faire carrière et de se réaliser. Les conflits y sont gérés de manière frontale et directe. Par contre, dans les entreprises à culture féminine, l’accent sera mis sur une réelle coopération entre les travailleurs et les conditions de travail agréables permettant de trouver le bon équilibre vie privée et vie professionnelle. Les conflits sont résolus par la négociation et la recherche du compromis.Une des devises des environnements masculins pourrait être « vivre pour travailler », alors que les cultures féminines préféreraient l’expression « travailler pour vivre ». Dans une culture masculine, la famille apprend aux enfants l’assurance, l’ambition, la compétition et les organisations mettent l’accent sur les résultats. Dans une société à culture féminine, on  enseigne aux enfants la modestie et la solidarité ; les organisations préfèrent récompenser sur une base égalitaire.
Le manager au sein d’une société masculine fait preuve d’assurance, se montre prompt à décider et agressif; les réunions sont l’occasion pour les participants de s’affirmer, de montrer leurs compétences et les décisions sont prises par ailleurs individuellement. Dans une société à culture féminine, le manager est moins voyant, plus intuitif et habitué à rechercher le consensus ; les réunions permettent de discuter des problèmes et d’y trouver des solutions communes.
Quid de la masculinité dans l’exercice du Management ? Exercer un style de conduite empreint de plus de féminité ne veut pas dire de renoncer à des valeurs masculines. Vous l’aurez compris en lisant cet article que tout est question de proportionnalité et de recherche d’une meilleure harmonie dans la relation avec son équipe.  Cette approche plus équilibrée permet, tout en gardant le cap, de renforcer la collégialité et l’efficacité dans la recherche de solutions et l’atteinte des objectifs qualitatifs et quantitatifs.
Plus de féminité c’est savoir faire preuve de plus de légèreté, voire d’humour, de dédramatiser certaines situations et surtout de réduire la pression dans des moments difficiles ; être capable de créer une dynamique de groupe favorisant l’innovation et la performance. C’est aussi savoir plus souvent se fier à son intuition et être mieux à l’écoute de ses émotions avec pour corollaire le développement de relations stimulantes et synergiques : le plaisir au centre du leadership !
 
Jean-François Tagini, consultant en Ressources Humaines*Bernard M. Bass Transformational leadership

 

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